samedi 28 mai 2011

27km + downwind = trophée Guyader

27 km de rame, c'est long. En downwind, ça diminue la fardeau mais ça reste tout de même un sacré challenge. Morgat - Douarnenez. On le fait, on le fait pas?  N'étant pas sûr de pouvoir le faire, j'ai hésité à m'inscrire, et finalement samuel et JP ont fini de me motiver. Avec seulement 3 sorties en race depuis septembre, fallait pas s'attendre à des miracles. je termine dernier mais je termine. objectif atteint.


Petit résumé de la course vue de l'arrière:

dès le départ, les premiers nous larguent. 3 options se dessinent: au large, milieu, à la côte. Pas de bouée en vue, je prends entre le large et le milieu. Le cordon de bateaux sécu devant nous amener à la bouée étant plus au large, je me dis que je suis toujours au dessus de la bouée. ça glisse assez rapidement avec de jolis surfs. Du bon downwind bien plaisant. Un peu casse gueule mais sympa. Rapidement, les jambes ont mal. Toujours contractées, la crampe n'est pas loin et le camel bag bienvenu. Je colle le peloton jusqu'à ma première chute, avant le rocher au large de la plage de l'Aber. Je ne vois plus trop les premiers. en fait, je ne vois plus grand monde à part les quatre qui m'entourent plus ou moins. Et je suis devant, donc ça va encore. 
Toujours pas de bouée. Loin, très loin, il semble y avoir des bateaux à la côte mais pas de bouée. Bon, continuons de surfer, Bruno André, l'organisateur, nous a parlé d'une grosse bouée de grands prix multicoques orange, visible de loin. On va bien finir par le trouver ce bout de plastique. Le fond de la baie se rapproche, mes poursuivants sont toujours derrière mais pas de bouée. Merde alors. C'est quoi ce bordel? Je ne vois plus du tout les autres devant. je commence à me dire qu'ils doivent être arrivés et que je n'ai pas encore fait la moitié. Dur dur pour le moral d'autant que les bras, les jambes commencent à tirer dur. Ce n'est pas encore douloureux mais ça ne saurait tarder. A mi parcours seulement, on a connu mieux.
"Pu...(je coupe, trop long d'écrire tous les noms d'oiseaux que j'ai donné à la bouée et à moi même)" elle est là, au vent, loin, très loin. Horreur et désespoir. Je me dis que ce n'est pas possible. Maintenant, je dois faire du upwind, c'est à dire, remonter au vent. Misère! Qu'est ce que je fous là? Personne ne m' a obligé à venir et à m'embarquer dans cette galère. c'est vrai quoi, j'aurai pu faire du foot, du ping pong, du tunning sur tracteur ou pilier de comptoir à refaire le monde. c'est beaucoup moins chiant et surtout bien plus facile de refaire le monde devant une chopine. Mais non, il y a fallut que je choisisse de faire du SUP. Sur le moment, je ne suis pas sûr que que ce soit ma meilleure idée. 
Une autre idée m'arrive: celle d'abandonner... Mais pas sans avoir franchi la bouée, quand même. Je remonte lentement mais surement sur le bout de plastique qui n'est pas si gros que ça et encore moins visible. Mes poursuivants ayant compris la manoeuvre, coupent au cours et moins face au vent que moi, me passent. Je suis dernier. Vraiment dernier. Je plains les accompagnateurs sur les bateaux et m'excuse en silence de leur imposer ce long périple à faible vitesse. Merci à eux.
Passé la bouée, je suis les filles, houle de côté, vent dans le dos, clapot dans le dos. Liz Wardley tombe mais impossible de la rattraper, je n'ai plus de bras. Douarnenez se rapproche, lentement mais surement, au gré des ballottages de la houle qui me font abattre comme si j'étais un fêtu de paille. Trop, c'est trop, les autres doivent être à l'apéro, mon bras droit me fait mal, je ne rame plus, ça le fait plus. Je commence à plier un genou pour m'asseoir et appeler la sécu pour dire que j'abandonne. 
Et puis merde, on n'est pas venu pour ça, on repart, le couteau entre les dents. Je rame, je n'ai plus mal (ou du moins je ne le sens plus) et donne de gros coups de pagaies, mélange de haine, de hargne et de violence envers la houle qui veut me faire tomber une énième fois. Cerveau sur off, douleur sur off, on avance. Devant le parcours kite, je tombe 2 fois de suite, à bout de souffle. Le bateau sécu, qui voit que je suis limite me dit que c'est bientôt fini. Merci pour l'encouragement, ok, je continue. Petit downwind extra le long de l'ile Tristan, entrée dans le port, arrivée au ponton. 
C'est bon, c'est fini, le sourire revient. Je suis étonné de voir les autres encore en tenue, les visages souriants mais usés. Tout le monde a souffert. Finalement, avoir fini me suffit bien. En plus, je n'ai pas tant de retard que ça sur les autres, finalement.
Ambiance super, organisateurs, coureurs au top, bon esprit. Des gens simples, biens, sympas. 
Le lendemain, lors du sprint de 2,5 km, tout le monde a attendu les derniers dans le bassin. Chacun assis sur sa planche pour applaudir les autres. Un pot entre tous les coureurs s'est ensuite improvisé avec Gaëtan Séné, l'un des tous meilleurs Français, qui a offert un verre à tout le monde. Ce n'est pas tous les jours et pas partout que l'on voit ça. Et comme l'a dit Bruno André lors de la remise des prix, "en SUP, on est tous copains!". C'était vraiment le cas!
Aucuns regrets, que du bonheur et partant pour l'an prochain où je ne peux que faire mieux, ce qui est un sacré avantage! 
merci à tous, orga, bénévoles, bateaux suiveurs et coureurs pour ce super week end!

Merci à Loïck pour ses photos.




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